Laurent Zintz

Intermarché Spy

Laurent Zintz : un entrepreneur qui a su saisir sa chance

Passé du chômage à la gestion de plusieurs supermarchés de proximité, Laurent Zintz incarne l’histoire d’une ascension fondée sur la détermination et la passion du commerce. Aujourd’hui à la tête de l’Intermarché de Spy, il revient sur son parcours et ses défis.

Lorsque nous arrivons dans son bureau en début d’après-midi de cette froide journée de février, Laurent Zintz est pour le moins occupé. Pourtant, entre deux échanges avec ses équipes, il nous accueille et nous invite à prendre place avec une grande courtoisie. Son expression déterminée et son assurance donnent l’impression qu’il a toujours été gérant d’un supermarché. Pourtant, en réalité, rien ne le prédestinait à la grande distribution : « Ce métier, c’est vraiment au départ un pur hasard. Je me suis retrouvé il y a un peu moins de 30 ans au chômage, suite à une fin de contrat. Et donc, je postulais à gauche, à droite, mais pas dans la grande distribution. Et ma belle-mère insistait en me disant : "On cherche des adjoints chez Mestdagh." Moi, je ne connaissais même pas l’enseigne et je ne m’intéressais pas du tout au domaine. Pour lui faire plaisir, j’ai postulé et j’ai eu rapidement une réponse positive. »

C’est donc sans grande conviction qu’il se retrouve propulsé dans cet univers inconnu. Durant les premières années, les choses sont plutôt mouvementées. « Les six premiers mois n’ont pas été simples. Mais ensuite, je suis tombé sur Daniel Van Schoor, qui était gérant du magasin de Gembloux. C’est lui qui m’a vraiment appris à aimer le métier. Après six mois passés à ses côtés, je suis parti au magasin de Jodoigne, où je suis resté un an. Là, le gérant ne voulait plus me lâcher. Il a été muté à Forest et a insisté pour que je le suive. »

Mais l’expérience bruxelloise s’avère compliquée : « Bruxelles, ce sont clairement les six mois les plus infernaux de ma vie. Pascal Cerone, qui était mon District Manager à l’époque, est allé trouver Éric Mestdagh et lui a dit : "Si tu ne transfères pas Laurent de magasin, tu vas le perdre." Le message a été reçu et j’ai été retransféré à Gembloux, où je suis devenu adjoint. Six mois plus tard, Daniel Van Schoor a annoncé son départ avec une seule condition : que je devienne gérant. J’ai passé les tests et je suis devenu gérant. »

Une envie effrénée d’en découvrir plus

Laurent Zintz se plaît de plus en plus dans la grande distribution. Et bien que son rôle de gérant lui apporte satisfaction, il n’hésite pas lorsqu’une nouvelle opportunité s’offre à lui en 2000 : « Je ne suis resté gérant qu'un an dans ce magasin. Parce qu'entre-temps, John Mestdagh passait à la direction des achats. Et donc, on cherchait un candidat pour le remplacer en tant qu’acheteur. J’ai postulé et une nouvelle fois, ça a marché. J’ai eu le poste. »

Une fois de plus, il adore sa nouvelle fonction mais au bout d’un certain temps, une envie de changement le reprend : « J’y suis resté cinq ans. Mais au bout de trois ans, je me suis dit : "J’adore ce que je fais, mais pourquoi ne pas le faire à mon compte ?" » Laurent Zintz décide de proposer à Éric Mestdagh de reprendre un des magasins de l’enseigne. Bien que ce dernier ne soit pas contre, les choses traînent et Laurent finit par se lasser d’attendre : « Au bout de deux ans, je n’avais toujours pas de magasin. J’ai donc décidé de placer l’argent que j’avais mis de côté dans l’achat de ma maison. »

Mais comme souvent, les choses tournent à nouveau et cette fois-ci, c’est un coup de téléphone de Karl Mestdagh qui va faire bouger les choses : « Il m’a dit "Tu es toujours d’accord pour reprendre un magasin ?" Je lui ai répondu que oui, mais que je n’avais plus d’argent à investir et il m’a proposé un arrangement pour reprendre le supermarché de Gosselies. Il s’est porté garant au niveau des banques pour le rachat de la société, qui était en déficit. Entre-temps de mon côté, j’ai analysé les chiffres du magasin et je me suis rendu compte qu’il y avait vraiment des problèmes de gestion flagrants. Le chiffre d’affaires était bon, mais tout le reste était catastrophique. Ce magasin devait être rentable. J’ai donc décidé de le reprendre le 1er janvier 2005. »

Une nouvelle aventure qu’il entreprend avec grand succès. Il redresse rapidement la barre du magasin et traverse sans encombre le passage de Mestdagh sous l’enseigne Carrefour en 2010.

D’opportunités en opportunités

Conforté par ses succès, Laurent Zintz, Namurois d’origine, continue sur sa lancée. En 2013, il apprend que le magasin de Spy est à remettre, confronté à de grosses difficultés financières. Il ne se pose pas beaucoup de questions et se lance à nouveau. Le pari est à nouveau réussi puisqu’en moins de cinq ans, il double le chiffre d’affaires en agrandissant et en modernisant la surface de vente.

Mais sa carrière n’est décidément pas bâtie sur un fleuve tranquille … En 2022, Mestdagh passe sous la bannière d’Intermarché, une période d’incertitude s’installe menaçant le maintien même de son magasin. « Nous étions plusieurs à attendre des réponses, mais on ne pouvait pas en avoir à cause de l’Autorité de la concurrence. Avec François Hammond, mon ancien concurrent (ndlr : déjà à la tête d’un autre Intermarché à Spy) devenu entretemps collègue et ami, on se posait les mêmes questions. Finalement, en novembre, le verdict est tombé : on restait sous l’enseigne Intermarché. J’ai immédiatement sauté dans ma voiture pour aller voir François et en discuter avec lui. »

Les deux hommes tombent d’accord pour qu’il reprenne les deux magasins, avec l’idée de tout fusionner et de créer un magasin bien plus grand. « Le projet a été une vraie aventure. On a tout cassé, tout reconstruit en un mois ! Ça paraît impossible, mais les équipes ont été incroyables. Le 4 novembre, on a rouvert notre magasin passant de 1.000 à 1.900 m². »

Un investissement qui porte ses fruits, puisque depuis la réouverture, les performances du magasin dépassent les attentes. De quoi lui donner foi en l’avenir, mais également d’être de très bon conseil pour la jeune génération d’indépendants qui désireraient se lancer dans la reprise d’une grande surface : « La grande distribution, ce n’est pas un métier compliqué, mais il y a énormément de choses à savoir. On doit comprendre le fonctionnement de chaque rayon, des achats, de la gestion des stocks, de l’hygiène. J’ai vu des gens se lancer sans expérience et ça a été très difficile. Moi, j’ai eu la chance d’apprendre sur le terrain. Ça fait 21 ans que je suis indépendant et j’apprends encore chaque jour. »