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Un scénario Makro se profile-t-il pour Cora ?

Catégorie

Actualité

Publication

26/09/2023

Un scénario Makro se profile-t-il pour Cora ?

L’arrêt des chaînes de supermarchés Match et Smatch soulève à nouveau des questions sur l’avenir du groupe Louis Delhaize en Belgique. En particulier, le sort des sept hypermarchés Cora semble très incertain.

Chiffres rouges

Les observateurs savaient depuis longtemps que quelque chose devait se passer au sein du groupe Louis Delhaize après des années de chiffres rouges. Après que la famille Bouriez a vendu les activités roumaines et françaises à Carrefour et les activités luxembourgeoises à E.Leclercla vente de la plupart des supermarchés Match et Smatch à Colruyt Group n’est donc pas une trop grande surprise.

Mais le groupe a d’autres activités en Belgique. Il y a Delfood, le grossiste qui approvisionne quelque 150 supérettes et magasins de stations-service sous l’enseigne Louis Delhaize. Il y a Delitraiteur, la chaîne de magasins de repas qui compte une quarantaine de points de vente et qui, ces dernières années, semblait être sur une trajectoire d’expansion. Et surtout Cora, la chaîne d’hypermarchés avec sept grandes succursales, qui est dans le rouge depuis un certain temps et qui emploie encore quelque 2.000 personnes.

Un concept de magasin dépassé

C’est à peu près le même nombre que Makro avant sa faillite. Mais il y a d’autres points communs entre les deux entreprises. En effet, tout comme Makro, Cora est un concept de magasin quelque peu dépassé. Les très grands hypermarchés sur le modèle français offrent certes un assortiment inégale, mais ils ne répondent plus aux attentes des consommateurs d’aujourd’hui et de demain, qui privilégient la commodité. Alors que Carrefour réduit la taille de ses hypermarchés et les transforme de facto en grands supermarchés, Cora s’en tient au modèle traditionnel de l’hypermarché.

On ne peut toutefois pas nier que la chaîne a tenté de se moderniser. La société a procédé à une réorganisation et à une refonte du concept de magasin, en  mettant davantage l’accent sur l’expérience et en proposant des choix plus précis dans l’assortiment. L’accent a été mis sur l’offre unique de vins, par exemple, l’un des points forts de l’enseigne, avec  des présentoirs à boissons réaménagés et une foire aux vins numérique. L’enseigne met également davantage l’accent sur les produits frais et biologiques, la cuisine du monde et la catégorie des produits pour bébés. Jusqu’à présent, tout cela n’a pas eu beaucoup d’impact. Et maintenant, le temps presse.

Qui reprendra le flambeau ?

Continuer à injecter de l’argent dans la chaîne d’hypermarchés déficitaire n’est plus une option pour la famille Bouriez. Maintenant que les activités internationales ont été vendues, le détaillant n’a plus de puissance d’achat européenne, ni d’envergure, ni de perspectives. Avec sept hypermarchés dans la petite Belgique, on ne peut pas s’en sortir. Principalement parce que les coûts fixes sont très élevés et que de lourds investissements sont encore nécessaires, sans garantie de succès. Ils cherchent donc un acquéreur. Mais qui s’y aventurera ?

De toute façon, Carrefour a d’autres priorités. E.Leclerc a bien repris les magasins luxembourgeois, mais la question est de savoir si le numéro un français a envie de se lancer dans une aventure belge, en reprenant des magasins vétustes dans un marché déjà surchargé. De plus, un nouveau conflit social autour de la franchise des magasins Cora pourrait se profiler alors, E.Leclerc étant un groupement d’exploitants indépendants. L’exploitation des centres commerciaux Shopping Cora complique encore les choses.

Faillite imminente ?

Les syndicats entendent donc déjà le glas sonner : après  les licenciements collectifs au siège et dans les magasins Match et Smatch restants, Cora est menacée de faillite si un repreneur n’est pas trouvé rapidement. Myriam Delmée, du syndicat socialiste SETCa, a déjà évoqué ouvertement dans la presse la possibilité d’un « scénario Makro ». Par conséquent, l’humeur des employés concernés est loin d’être optimiste.

Pour les unités commerciales Delfood et Delitraiteur, plus saines, un scénario catastrophe semble beaucoup moins probable. Mais là aussi, il est préférable pour toutes les parties prenantes d'obtenir une décision le plus rapidement possible. Les semaines à venir s’annoncent excitants.

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