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La forte hausse des prix alimentaires est inévitable, les pénuries aussi

Catégorie

Actualité

Publication

07/04/2022

La forte hausse des prix alimentaires est inévitable, les pénuries aussi

Pour certains produits alimentaires, les prix devront augmenter de « dizaines de pour cent », sans quoi les fabricants réduiront ou arrêteront la production. « Les supermarchés ne sont guère ouverts à la discussion sur les augmentations de prix inévitables. »

Nouvelles négociations de prix

La moitié des entreprises alimentaires belges connaissent actuellement des ruptures d'approvisionnement, 70 % doivent adapter la composition de leurs produits et 40 % arrêteront ou réduiront temporairement la production dans les semaines à venir, selon une enquête de la fédération alimentaire Fevia. La guerre en Ukraine a entraîné une hausse des coûts historique : le blé est devenu 50 % plus cher, les factures d'électricité ont doublé et celles du gaz ont même triplé. Des pénuries se profilent non seulement pour l'huile de tournesol, mais aussi pour l'huile de lin, le miel, les ovoproduits et les contenants en verre.
La hausse des prix dans les magasins est donc inévitable, selon Fevia, et quelques pour cent ne suffiront pas. Le témoignage anonyme d'un producteur de sauce dans De Tijd est révélateur : « Nous avons besoin de dizaines de pour cent supplémentaires. Nous avons pu augmenter nos tarifs en janvier, mais cette augmentation est déjà complètement dépassée. Nous venons de commencer à renégocier les contrats existants. »

« La mayonnaise est 70 % plus chère »

Les jaunes d'œufs coûtent désormais deux fois plus chers, indique le fabricant, mais le coût des graines de moutarde, de l'amidon et des bocaux en verre a également grimpé de quelques dizaines de pour cent. Certains supermarchés se plient à la demande d'augmentation des prix (une chaîne a accepté que la hausse du prix de la mayonnaise de 70 %), d'autres ne le font pas (encore). Mais ça ne sera pas sans conséquence : « Si un supermarché n'accepte pas nos augmentations de prix, nous devrons arrêter les livraisons. Nous ne pouvons pas produire à perte. » Ce faisant, il se fait l’écho d’un sentiment déjà clairement exprimé par le directeur du fabricant de biscuits Lotus.
Ces discussions sont très difficiles : « Les chaînes de supermarchés ont un pouvoir de négociation disproportionné. » 33 % des demandes de renégociation ont été refusées, 40 % sont restées sans réponse, 28 % ont obtenu une augmentation limitée, indique la Fevia. La fédération demande donc une extension de la réglementation sur les pratiques commerciales déloyales. Elle demande aux supermarchés de faire preuve de souplesse et de ne pas imposer d'amendes pour les livraisons tardives. Elle compte également sur des mesures d'allègement de la facture énergétique et souhaite pouvoir déroger temporairement à la législation sur l'étiquetage afin de pouvoir utiliser rapidement des matières premières et des ingrédients alternatifs pour pallier les pénuries.

Creux historique

Pourtant, en 2021, l'industrie alimentaire a connu une bonne reprise après la difficile année de coronavirus 2020 : le chiffre d'affaires a augmenté de 13,1 %, les investissements de 9,2 % et les exportations de 11,7 %, sans compter 2,4 % d'emplois supplémentaires. En revanche, la rentabilité des entreprises alimentaires belges a chuté à 2,8 %, un creux historique selon Anthony Botelberge, président de Fevia.

« Pendant la pandémie, de nombreuses entreprises alimentaires étaient déjà en difficulté en raison de la pénurie de matières premières et de la forte augmentation des coûts des matières premières, de l'énergie, des emballages et du transport. En début d’année, nous avons cru à l’accalmie, mais la guerre en Ukraine est, malheureusement, un énorme accélérateur. Si nous ne pouvons pas répercuter ces coûts, il ne sera guère rentable de poursuivre la production. »

Source : Retail Detail