La ville de Liège prévoit d’instaurer en 2026 une taxe sur les bornes de self-scanning, présentée comme une façon de préserver les emplois. Il en coûtera 519 euros par caisse aux commerçants. Comeos s’insurge contre cette mesure fiscale. « C’est une mesure contre-productive qui freine l’innovation et la digitalisation du secteur », déclare Pascal De Greef, le nouveau CEO de Comeos.
L’initiative de cette mesure remonte à 2023 et au programme de la liste électorale Vert Ardent, le “mouvement éco-citoyen” composé notamment du parti Ecolo, qui la souhaitait en ces termes : « L’automatisation n’est pas une mauvaise chose par nature, s’il s’agit d’alléger puis de redistribuer un travail pénible. (...) Mais le remplacement du travail humain par des automates est motivé par un souhait de réaliser des économies (et d’augmenter les profits), et il fait perdre un certain nombre d’emplois. La Ville est également perdante puisqu’elle perd les recettes fiscales provenant des revenus des travailleurs remplacés, » considérait Vert Ardent, qui ne fait pas aujourd'hui partie de la majorité communale, composée du PS, du MR et des Engagés.
Le conseil communal tenu lundi dernier a pourtant voté la mise en place, à partir de 2026, d’une taxe sur les caisses automatiques fixée à 519 € par caisse automatique et par an. Si l’argumentation développée par Vert Ardent insistait sur une justification sociale qui ne correspond pas nécessairement aux réflexes de tous les partis membres de la coalition, il faut aussi préciser que la ville de Liège a de réelles difficultés financières, et que toutes les sources de revenus sont bonnes à prendre pour lui permettre de boucler son budget : 4 autres nouvelles taxes et redevances vont d’ailleurs faire leur apparition l’an prochain, en plus des 31 taxes ou redevances existantes.
Par la voix de son CEO Pascal De Greef, Comeos conteste vivement cette nouvelle taxe, et commence déjà par désamorcer le lien avec l’emploi : “Selon les initiateurs de la taxe, celle-ci vise à compenser la diminution du nombre d’emplois physiques dans le commerce. Mais cet argument ne tient pas. Les caisses libre-service n’ont pas entraîné une baisse du nombre d’emplois en magasin. Elles ont modifié les tâches, permettant aux employés de se concentrer sur des missions plus qualitatives comme l’accueil, le conseil et la gestion du magasin. (...) « Il est également frappant que cette taxe ne s’applique qu’aux magasins physiques. Les responsables politiques n’ont manifestement pas réfléchi aux désavantages concurrentiels par rapport aux acteurs numériques qui ne sont pas soumis à une telle taxe ».
Comeos considère que le commerce belge a besoin de soutien, pas de nouvelles taxes, et surtout pas de taxes qui ne touchent que les magasins physiques. La Fédération du commerce dresse aussi l’inventaire du mille-feuilles fiscal auquel sont soumis les commerçants liégeois, un large catalogue où l’on trouve, outre la coûteuse taxe sur les folders publicitaires bien connue, des taxes portant sur la surface (6,25€/m2 au-delà de 1.000m2) , sur la publicité lumineuse ou non, sur la force motrice, ainsi que sur le stationnement (132 € par emplacement de parking). « Nous attendons au minimum un terrain de jeu équitable. Nous demandons un test décisif pour chaque nouvelle taxe : si elle ne s’applique pas de manière égale à tous, elle ne doit pas quitter la table de dessin », conclut Pascal De Greef.
L’initiative liégeoise n’est pas une première. En 2022, la commune de Molenbeek avait prévu une taxe très lourde, réclamant 5.600 € par caisse libre-service. La mesure a ensuite été suspendue par le gouvernement bruxellois, qui avait estimé qu’elle allait à l’encontre de la transition numérique et n’avait aucun impact démontré sur l’emploi.
Sources : Gondola & Retail Detail