La part de marché de Visa et Mastercard en Belgique augmente, ce qui s’accompagne de coûts supplémentaires pour les entreprises. En particulier, l’intégration des chèques-repas et des éco-chèques à Visa/Mastercard, ainsi que l’exclusion de Bancontact sur Apple Pay et Google Pay, sont préoccupantes. Les paiements risquent de devenir nettement plus coûteux pour les commerçants. UCM, UNIZO et COMEOS attirent l’attention des autorités et des acteurs privés sur cette évolution.
Une alliance qui coûte cher
Les commerçants souhaitant accepter ces chèques dans leur magasin concluent un accord avec le(s) émetteur(s). Le commerçant paie une commission de transaction, variant de 1 % à 1,55 % pour les chèques-repas et environ 2,75 % pour les éco-chèques. Aujourd’hui, le traitement de ces paiements passe entièrement par les systèmes propres des émetteurs.
Récemment, certains émetteurs ont décidé d’ajouter le système de paiement Mastercard à leurs cartes. Cela permet aux commerçants acceptant déjà Mastercard ou Debit Mastercard d’accepter également les chèques-repas et éco-chèques de ces émetteurs sans ajustements techniques. Le réseau potentiel d’acceptation s’élargit ainsi considérablement. Cette association est envisagée par l’ensemble du secteur.
Pour UCM, c’est là que réside le problème.
« Pour le client, rien ne change, mais le commerçant reçoit la facture. À l’avenir, nous craignons que le traitement des paiements par chèques-repas ou éco-chèques ne passera plus par les réseaux propres des émetteurs, mais par ceux de Mastercard ou Visa, qui factureront des frais supplémentaires pour ce traitement. »
Les organisations soulignent que l’acceptation d’un chèque-repas ou éco-chèque coûte déjà plus cher qu’un paiement par carte classique. Lorsqu’un client paie 100 euros en magasin, le commerçant supporte environ 0,12 euro de frais de transaction pour un paiement par carte classique. Pour un paiement par chèques-repas, cela varie de 1 à 1,55 euro, et pour un éco-chèque, 2,75 euros. Si, à l’avenir, les paiements par chèques-repas et éco-chèques passent par Mastercard ou Visa, ces frais de transaction seront encore plus élevés. Une étude d’Eurocommerce (2024) montre que dans les pays où les paiements passent déjà par les systèmes de Visa/Mastercard, les coûts pour les commerçants peuvent être jusqu’à 20 fois plus élevés qu’un paiement par carte classique.
Cette évolution doit à tout prix être évoluée. C’est pourquoi nous demandons, avec UNIZO et COMEOS que l’arrêté royal fixant les conditions pour être reconnu comme émetteur de chèques-repas ou éco-chèques établisse une commission maximale pouvant être facturée au commerçant, que le traitement du paiement passe ou non par des réseaux externes.
Apple Pay / Google Pay
Apple Pay et Google Pay gagnent en popularité, surtout auprès des jeunes. De plus en plus de commerçants sont donc contraints d’accepter ces systèmes de paiement. Apple Pay et Google Pay sont des portefeuilles numériques (« wallets ») : au lieu d’un portefeuille physique contenant des cartes de paiement (carte bancaire, cartes de crédit, etc.), le propriétaire associe ses cartes à un portefeuille numérique sur son smartphone. Lors d’un paiement en magasin, il utilise son smartphone, ouvre le portefeuille et sélectionne la carte avec laquelle il souhaite payer.
Compte tenu de la popularité croissante de ces portefeuilles, il est crucial que tous les systèmes de paiement y aient accès. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
À l’exception de Belfius, les banques n’autorisent pas Bancontact dans ces portefeuilles. « Ici aussi, nous constatons que seuls les systèmes de cartes de débit de Visa et Mastercard sont intégrés aux portefeuilles. Ces derniers sont plus coûteux pour les commerçants que Bancontact, surtout dans le commerce en ligne. Nous demandons expressément au secteur bancaire d’accorder un accès plus large à Bancontact dans ces portefeuilles », déclarent UNIZO, Comeos et UCM.
À titre de comparaison : un paiement en ligne avec Bancontact coûte 0,39 euro. Un paiement en ligne avec Visa Debit ou Debit Mastercard coûte entre 0,20 euro + 1,4 % et 0,24 euro + 1,78 %.
Renforcer l’indépendance économique de l’Europe
Dans le contexte géopolitique actuel, marqué par des incertitudes et des tensions internationales, il est crucial de veiller à ne pas accroître la dépendance de notre économie envers des acteurs américains, comme l’a récemment souligné Christine Lagarde. La domination croissante de Visa et Mastercard sur les systèmes de paiement, y compris pour les chèques-repas et éco-chèques, ainsi que leur intégration privilégiée dans des portefeuilles numériques comme Apple Pay et Google Pay, risque de limiter la souveraineté économique européenne. Encourager des solutions locales, telles que Bancontact, et promouvoir des réseaux de paiement indépendants permettrait de renforcer la résilience et l’autonomie de l’économie belge face aux influences extérieures.
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