Carrefour a conclu un accord de principe avec les syndicats permettant à ses magasins intégrés (40 hypermarchés et 43 supermarchés Market) d'ouvrir également le dimanche. Le grand perdant est Colruyt, selon Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola. « Le leader du marché peut-il se permettre de perdre des parts de marché ? »
Quelques jours à peine après les rumeurs selon lesquelles Carrefour pourrait quitter la Belgique, l'entreprise annonce qu'elle a trouvé un accord concernant l'ouverture dominicale de ses magasins intégrés. Cecipourrait marquer un tournant pour la chaîne de magasins française, estime Pierre-Alexandre Billiet. « J'estime la part de marché des ouvertures dominicales à 7 %, dont 40 % est attribuable à des visites ayant lieu entre 10 heures et midi. Ce surplus se fait au détriment des visites du lundi, mais génère un gain en volume de ventes. Les caddies sont bien remplis le dimanche. »
Le folder du supermarché remplace le missel
Le constat est clair : la franchisation de Delhaize a définitivement changé la Belgique commerciale. « Alors que tout le monde se concentrait sur les aspects sociaux et les conditions salariales des employés dans les nouveaux magasins indépendants , c'est surtout la révolution sociale qui a été la plus marquante pour ce distributeur. Nous troquons définitivement la bible du dimanche contre le folder du supermarché. »
Perdants et gagnants
« Le grand perdant de cette ouverture le dimanche est le leader du marché en Belgique, qui a trop attendu avant d'ouvrir le dimanche. Non par naïveté, mais simplement parce que Colruyt a toujours refusé de prendre des décisions non rentables, ce qui lui a fait perdre beaucoup d'argent, par exemple sur la livraison rapide, qui a coûté des dizaines de millions à Jumbo. Colruyt peut-il se permettre de perdre des parts de marché dans le contexte actuel ? »
Carrefour Belgique : stabilisation ou reprise ?
« La dynamique commerciale de Carrefour Belgique semble vraiment reprendre, après des mois de négociations sociales », déclare Billiet, qui souligne quatre signes importants à cet égard.
- Notons tout d'abord que la stratégie multimarques - hypermarchés, supermarchés, magasins de quartier - est un choix délibéré et constitue aujourd'hui un atout stratégique gagnant. Colruyt et Delhaize tendent d'ailleurs également vers une offre diversifiée (ouverture d'un Delhaize dans l'ancien Cora à Anderlecht, rachat de Delitraiteur par Colruyt, etc.).
- Les efforts des trois derniers pour mieux maîtriser les coûts portent leurs fruits en termes de rentabilité, mais cela dans un contexte où Carrefour a perdu des parts de marché.
- Si cette ouverture le dimanche permet de regagner des parts de marché, le bilan pour Carrefour devrait être plus que positif.
- Un équilibre éphémère le dimanche ? Plus il y aura de magasins ouverts le dimanche, moins cela sera rentable pour les magasins qui sont déjà ouverts ce jour-là. Deux scénarios importants se dessinent pour l'avenir : les discounters Aldi, Lidl et Colruyt décident d'ouvrir le dimanche et perdront de l'argent, ce qui réduira leur rentabilité. Deuxième scénario : les discounters n'ouvrent pas le dimanche et cèdent définitivement une partie de leur part de marché à Delhaize, Carrefour, mais aussi à Albert Heijn, Intermarché et Jumbo.
« Avec l'ouverture le dimanche de ses 40 hypermarchés et 43 Markets, Carrefour rejoindra le peloton. Toujours avec un handicap social en matière de charges sociales, mais avec un regain de dynamisme commercial. À suivre ! »
Gondola