Après deux années particulièrement difficiles, les supermarchés indépendants en Flandre ont en grande partie retrouvé le chemin de la rentabilité. Mais cette amélioration reste fragile. Les discussions autour d’une possible harmonisation des systèmes salariaux dans la grande distribution font planer un risque majeur alors que le retail fait face à une concurrence intense et à des marges structurellement limitées.
Les supermarchés indépendants flamands montrent des signes tangibles de redressement après la vague d’inflation qui a suivi la pandémie de coronavirus. Selon une étude du bureau Serunt réalisée pour l’organisation Buurtsuper (Unizo) etrelayée par D Tijd ce matin, la part de magasins déficitaires est passée de 28,39 % en 2022 à 17,69 % en 2024, soit un retour à un niveau comparable à celui d’avant la crise sanitaire du Covid. La moitié des supermarchés affiche à nouveau un bénéfice supérieur à 100.000 euros, alors que le bénéfice médian ne dépassait pas 76.000 euros deux ans plus tôt.
L’analyse porte sur les comptes annuels de 458 supermarchés, représentant entre un tiers et la moitié du secteur. L’échantillon comprend des magasins opérant sous les enseignes Delhaize, Carrefour, Albert Heijn, Spar, Alvo et Jumbo.
Une amélioration réelle, mais un équilibre précaire
Cette reprise permet aux supermarchés de renforcer progressivement leurs fonds propres, mis sous forte pression durant les années d’inflation. Le nombre de magasins présentant des fonds propres négatifs est néanmoins passé de 6,9 % à 9 % en deux ans, ce qui illustre la fragilité persistante du secteur. La liquidité reste également un point d’attention : pour la moitié des supermarchés, le ratio de liquidité était inférieur à 119 % en 2024, alors qu’un niveau compris entre 120 et 200 % est considéré comme sain.
La crainte d’une réforme salariale
Cette dynamique pourrait toutefois être remise en cause par une réforme des systèmes salariaux dans la grande distribution. Les supermarchés indépendants supportent aujourd’hui des coûts salariaux environ 30 % inférieurs à ceux des magasins intégrés. Le débat a pris de l’ampleur après la franchise complète des magasins Delhaize, qui a notamment permis l’ouverture dominicale, à laquelle Carrefour vient d’embrayer également.
Le gouvernement temporise toutefois. Le ministre de l’Économie David Clarinval estime que le secteur doit d’abord formuler une proposition commune, alors que les discussions entre enseignes et syndicats n’ont jusqu’ici pas abouti. Les grandes chaînes réfutent toute volonté d’évincer les indépendants et plaident pour un cadre plus équilibré.
Dans un marché que beaucoup jugent déjà sursaturé, la question salariale apparaît dès lors comme un point de bascule. Si les supermarchés indépendants ont réussi à se relever de l’inflation, leur capacité à absorber un nouveau choc de coûts reste, elle, très incertaine.
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