Analyse
7/11/25

Croissance, contrôle et limites : Ahold Delhaize doit choisir et partager

Les chiffres sont formels : Ahold Delhaize est en pleine croissance. Mais derrière ces résultats trimestriels impressionnants se cache une réalité plus complexe. Une histoire de croissance fulgurante, de technologies exigeant une maîtrise totale et des dilemmes liés à la franchise.

Le paradoxe du succès

Ahold Delhaize a réalisé des performances encore meilleures que prévu au dernier trimestre . Le géant de la grande distribution progresse tant en ligne qu'en magasin, en Europe et aux États-Unis. Les ventes sont en hausse, les marges se maintiennent et les marques de distributeur gagnent du terrain.

Alors que d'autres, de Jumbo à Carrefour, tracent leur propre voie , Ahold Delhaize poursuit sa propre stratégie : des marques fortes, une présence omnicanale et des investissements dans la technologie. Et ça fonctionne. Mais cette même stratégie soulève des dilemmes. Les coûts augmentent. Les magasins franchisés doivent être plus sûrs et plus efficaces, mais il est tout aussi important de continuer à encourager l'entrepreneuriat local.

Samedi détrôné

Prenons l'exemple de la Belgique. L'ouverture le dimanche s'est révélée une excellente idée. Les clients souhaitent acheter leurs petits pains frais en même temps que leurs déjeuners scolaires pour la semaine, et pendant les heures de moindre affluence. Cette croissance dominicale attire même des clients de la concurrence.

Mais à y regarder de plus près, on constate bien plus qu'un simple gain commercial. Il s'agit de nouveaux segments de clientèle, de comportements d'achat différents et d'un rythme qui se modifie. Le samedi n'est plus sacré. Le dimanche prend le pas sur tout le reste. La question n'est pas de savoir si cela aura un impact sur le modèle traditionnel du supermarché, mais à quelle vitesse.

Technologie contre liberté de franchise

Ahold Delhaize prend également de l'ampleur dans le domaine du numérique. Bol est de nouveau en croissance et a contribué à une progression de 9,7 % des ventes en ligne en Europe. Les ventes de produits alimentaires en ligne ont même enregistré une croissance à deux chiffres aux États-Unis et en Europe. Aux Pays-Bas, AH.nl est déjà rentable. Mais la technologie n'est pas seulement un accélérateur de croissance ; elle représente aussi un risque. Cela est particulièrement vrai pour les modèles de franchise, où les systèmes propriétaires et les niveaux d'expertise varient considérablement.

La franchise représente 40 % du chiffre d'affaires européen. En Belgique, ce chiffre atteint presque 100 %. Mais qui dit croissance dit responsabilités. Les cyber-risques ne pèsent pas uniquement sur l'entrepreneur ; ils impactent directement la marque. Un seul incident peut paralyser toute la chaîne. Ahold Delhaize l'a bien compris et privilégie des formats de franchise « moins nombreux, mais mieux organisés ». À juste titre. Un meilleur contrôle n'est plus un luxe, c'est une nécessité.

Choisir, est-ce perdre ?

C’est là le nœud du problème : Ahold Delhaize souhaite allier agilité et maîtrise. Être présent localement et gérer de manière centralisée. Croître tout en gardant le contrôle. C’est un équilibre délicat qui exige des choix judicieux. La technologie n’est plus un détail, mais la franchise n’est plus un modèle sans règles.

En magasin, par exemple, une autre source de tension apparaît : jusqu’où faut-il aller avec les supports de communication ? Autocollants, signalétique au sol, réfrigérateurs de marque : certes, ils sont rentables, mais ils nuisent aussi à la sérénité du magasin. L’expérience client ne doit pas être monétisée à l’excès.

La croissance est formidable, mais elle exige un leadership fort. Ahold Delhaize devra non seulement continuer d'innover, mais aussi oser faire des choix. Pour la structure. Pour la sécurité. Pour la cohérence de la marque. Et pour le client, tous les jours de la semaine.

La croissance en ligne stimule les chiffres d’Ahold Delhaize

Au troisième trimestre, le chiffre d’affaires et les bénéfices d’Ahold Delhaize ont légèrement dépassé les prévisions. Les excellentes performances du commerce électronique, tant pour les achats en ligne que pour la plateforme web bol, sont particulièrement remarquables.

Une croissance à deux chiffres

Avec un chiffre d’affaires net de 22,5 milliards d’euros, soit une augmentation de 6,1 % à taux de change constants et de 2,2 % à taux de change actuels, Ahold Delhaize a légèrement dépassé les attentes au troisième trimestre de son exercice financier. Cette croissance est en partie due à l’acquisition de Profi en Roumanie et à l’ouverture de nouveaux magasins, mais il y a également eu des fermetures de magasins chez Stop & Shop aux États-Unis. Le chiffre d’affaires comparable a augmenté de 2,9 %, malgré un impact négatif de 0,1 point de pourcentage dû aux conditions météorologiques et de 0,3 point de pourcentage dû à l’interdiction de la vente de tabac dans les supermarchés belges.

Le chiffre d’affaires en ligne a augmenté de 12,2 % grâce à une croissance à deux chiffres des achats en ligne aux États-Unis et en Europe. En Europe, les ventes en ligne ont augmenté de 9,7 %, grâce aux excellentes performances d’Albert Heijn et de bol.

Amélioration des marges

La marge opérationnelle sous-jacente d’Ahold Delhaize s’est élevée à 4,1 %, soit une augmentation de 0,3 point de pourcentage à taux de change constants. Ce résultat est également supérieur aux attentes, mais il est en partie dû à des gains exceptionnels aux États-Unis, qui ont représenté 0,2 point de pourcentage. Le bénéfice opérationnel sous-jacent est passé de 855 millions à 933 millions d’euros. Pour l’ensemble de l’exercice, le groupe continue de viser une marge bénéficiaire de 4 %.

En Europe, la marge s’est élevée à 3,9 % : les améliorations enregistrées chez Delhaize ont été partiellement annulées par la consolidation de Profi et par une baisse des bénéfices en Serbie, où les mesures gouvernementales limitent les prix de vente et donc les marges.

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